« Faucon pèlerin au loin dans la brume de chaleur. Comme souvent dans ces cas-là, je dessine trop grand. Il est petit, trop petit, dans l’oculaire de ma longue-vue. Je le peins pourtant en grand sur ma feuille de trente par quarante centimètres. Conséquence habituelle, je m’agace de ne pas voir sur mon faucon tous les détails que j’aimerais y mettre. C’est pourtant simple, je ne les vois pas, voilà tout. Il est trop loin, trop flou, mais ma perception me fait croire que je ne vois que lui. Les grands contrastes sont posés, la lumière intense de cette journée d’avril se devine sur l’image. Je n’aurai pas les détails, j’aurai la lumière. Ça me va. Laisser un peu la place à la vision globale, sans se perdre dans les fioritures qui alourdissent la peinture.
Croire encore au printemps
Le timing était pourtant parfait. Le printemps était là, puissant de tout ce renouveau. Une neige encore épaisse fondait à vue d’œil. Les oiseaux migrateurs venaient d’arriver, un concert de Pic noirs, épeiches, de Grives mauvis et draines. La débâcle avait libéré la rivière des glaces, laissant place aux Loutres, aux Garrots et Harles bièvres.